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Les pulsions

 

Les excitations auxquelles l’organisme est soumis sont de deux sortes, externes et internes. On peut éviter les excitations externes par la fuite mais il est impossible de se soustraire aux excitations internes. Elles sont appelées pulsions ou instincts et exercent une pression qui s’apparente à un besoin, à la limite entre le psychique et le somatique. La notion de pulsion recouvre quatre aspects principaux : la poussée, le but, la source et l’objet :

 

La poussée est l’aspect dynamique, moteur de la pulsion.

 

La pulsion tend vers un but qui est la disparition de la tension, par une décharge (élimination vers l’extérieur de l’énergie). Cette décharge est la satisfaction de la pulsion. Par exemple, le but de la pulsion orale est la succion ou l’incorporation, le but de la pulsion génitale est le coït.

 

La source est l’endroit où est ressentie la tension ou qui déclenche la tension.

 

L’objet est ce par quoi la pulsion peut atteindre son but. C’est ce qui est le plus variable dans la pulsion. L’objet peut être une personne ou un objet partiel (le sein maternel), appartenir au monde réel ou au fantasme, être extérieur à l’individu ou intérieur (comme dans le narcissisme ou le Moi devient objet pour le Ça).

 

Toute la conceptualisation psychanalytique de la pulsion vise essentiellement la pulsion sexuelle. Les manifestations de la pulsion sexuelle sont liées à l’existence d’une force, d’une énergie spécifique appelée libido. L’énergie propre aux autres pulsions (non sexuelles) n’a pas de dénomination particulière. FREUD a simplement appelé « intérêt du Moi », l’énergie des pulsions d’autoconservation.

 

La théorie des pulsions

 

FREUD a développé sa théorie des pulsions en trois étapes : pulsions sexuelles/pulsions du Moi et d’autoconservation, puis introduction du narcissisme et enfin pulsions de vie/pulsions de mort.


  

La première élaboration théorique :

  

Vers 1919, Freud introduit une distinction entre pulsions sexuelles et pulsions d’autoconservation. Les deux sont liées : conservation de l’espèce et sauvegarde de l’individu mais les deux sont tout de même en conflit : les exigences des pulsions sexuelles peuvent compromettre la sécurité du sujet, et sa quiétude dans son milieu social. Le Moi est en conflit avec le Ça. Apparaît dans cette théorie la notion d’étayage (ou anaclitisme qui est plutôt utilisé dans le domaine clinique) : au début, les pulsions sexuelles ne s’opposent pas aux pulsions du Moi mais s’étayent dessus. Par exemple, téter sert avant tout à rester en vie, avant de devenir un plaisir en soi.

 

En découle la notion de pulsions partielles : comme chaque partie du corps nécessaire aux fonctions d’autoconservation peut donner lieu à un plaisir érotique (la vue, la succion, la miction…), chaque zone érotique peut apporter indépendamment un certain plaisir sexuel appelé « plaisir d’organe ». Chez l’enfant, les pulsions sexuelles ne sont pas organisées. FREUD disait que « l’enfant est un pervers polymorphe ».

 

Les conflits entre les pulsions sexuelles et les pulsions d’autoconservation sont à l’origine de troubles fonctionnels d’origine psychique (symptômes névrotiques) : la fonction d’un organe peut être altérée car trop utilisée par la pulsion sexuelle, la vue par exemple. FREUD a décrit des cas de cécité psychique : si le Moi juge que la vision est trop impliquée dans la pulsion sexuelle, il va censurer : la vision est refoulée. Parfois, le refoulement va trop loin, d’où le symptôme. Cela se retrouve dans de nombreux symptômes hystériques : paralysies par exemple.


  

Le narcissisme :

  

En 1914 parait l’article intitulé « Pour introduire le narcissisme ». La dualité précédente est maintenue mais FREUD introduit la notion d’investissement global du Moi par la libido. Le narcissisme primaire survient, pour FREUD, après l’auto-érotisme (plus tôt ou plus tard selon d’autres auteurs) : situation initiale où la libido investit le sujet lui-même. Le narcissisme secondaire concerne toutes les situations où, après avoir investi un objet extérieur, l’investissement se tourne vers le Moi.

 

Les pulsions d’autoconservation sont investies d’une énergie sexuelle, ce qui réduit le dualisme de la première théorie des pulsions. FREUD décrit le narcissisme comme le complément libidinal de l’égoïsme (ou intérêt du Moi).

 

 

La dernière théorisation sur les pulsions :

  

En 1920, dans son article « Au-delà du principe de plaisir », FREUD révèle un remaniement de ses théories sur les pulsions.

 

Le conflit se joue désormais entre pulsions de vie et de mort. Les pulsions de mort se manifestent par exemple dans les compulsions de répétition (retour de situations). Pour FREUD, la répétition vise à rétablir un état antérieur, sans tension, tel qu’il pouvait être avant la vie (état inorganique). La pulsion de mort, Thanatos, vise à revenir à l’inorganique. La fin vers laquelle tend toute vie est la mort. C’est pourquoi FREUD pense qu’il y a une pulsion de mort. A celle-ci s’oppose la pulsion de vie, Eros, qui tend à organiser des ensembles vivants de plus en plus complexes et à les maintenir tels.

 

Cette nouvelle théorie permet à FREUD de revoir la notion de sado-masochisme pour la compléter. A l’origine, la pulsion de mort serait dirigée vers le sujet lui-même mais l’énergie de l’Eros (la libido), liée à elle, l’entraîne vers l’extérieur : une grande partie de la pulsion de mort est ainsi mise au service de la pulsion sexuelle. Ce mélange de pulsion de mort et de sexualité orienté vers un objet extérieur est le sadisme. Une autre partie de la pulsion de mort, unie elle aussi à l’Eros, reste tournée vers le sujet et constitue le masochisme érogène ou masochisme primaire.

 

La pulsion de vie et la pulsion de mort sont liées, intriquées car l’Eros cherche à lier, à assembler. Le Ça est l’origine des deux tendances puis le Moi devient le réservoir de la libido, c'est-à-dire des pulsions de vie alors que les pulsions de mort sont prises en charge par le Surmoi mais il y a de chaque pulsion un peu dans chaque instance. Par exemple, le Moi peut obtenir de la satisfaction en déchargeant les pulsions du Ça et à l’inverse, le renoncement à la satisfaction pulsionnelle peut aussi lui valoir l’estime du Surmoi.

 

Cette dernière théorie est contestable et a été largement critiquée. Il semblerait que FREUD ait été influencé par ses premiers centres d’études : la biologie et la philosophie.

 

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